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Historique sur la découverte des mers australes

Points de repères

Les anciens grecs furent les premiers à supposer que la planète était ronde et qu'il existait une grande masse terrestre australe pour équilibrer le monde connu de l'hémisphère Nord. Bien que ces idées aient été rejetées en Europe pendant plus d'un millénaire, elles resurgirent au XV ème siècle, quand les européens commencèrent à explorer les limites de leur monde et découvrirent que la Terre était effectivement ronde. A nouveau, des cartes présentèrent une grande terre australe. 

1500 - 1818 : La fin d'un mythe
Les expéditions des marins-explorateurs firent progresser la connaissance des eaux australes: 

• DIAZ et VASCO de GAMA démontrèrent que l'Afrique n'allait pas au delà du Cap de Bonne-Espérance.
• MAGELLAN, entrant dans le Pacifique par l'Est, découvrit que l'Amérique du Sud n'était pas reliée à un continent Austral.
• DRAKE montra qu'aucune Terre n'existait au Sud du Cap Horn.

Mais le mythe de la Terra Australis persista. Les unes après les autres, les expéditions furent envoyées à sa recherche. L'Australie fut découverte. 

• BOUVET de LOZIER (en 1738), KERGUELEN et DUFRESNE (en 1772) tous explorateurs français, abordèrent les îles subantarctiques qui marquent l'extrémité d'un continent Austral. 
• COOK (en 1772) étouffe le mythe sous la réalité. Il passe le cercle polaire Antarctique, mais ne rencontre que de la glace. Il en conclut que s'il existait un continent et, il en était convaincu, celui-ci devait se situer bien plus au Sud de la banquise.

1819 - 1894 : La côte prend forme
En 1819, personne n'a encore aperçu l'Antarctique. Malgré la découverte de COOK, les géographes doutent encore de l'existence d'une Terre située au-delà de la barrière de glace.
Mais bientôt deux équipes d'exploration observent pour la première fois le continent Antarctique. 

• BELLINGSHAUSEN (en 1820), amiral russe, est le premier à voir le continent Antarctique.
• BRANSFIELD (en 1820), capitaine britannique, décrit ce qu'il aperçoit comme " la vision la plus lugubre que l'on puisse imaginer ".

Durant les années 1830 - 1840, les équipes nationales, chargées de percer les secrets de la banquise, se substituent aux aventuriers des compagnies phoquières et baleinières. 

• DUMONT d'URVILLE (en 1840) approche la côte Antarctique nommée Terre Adélie.
• WILKES (en 1840) voit quelques côtes dans le secteur situé au Sud de l'Australie.
• ROSS (en 1841) découvre la Terre Victoria et la mer qui porte aujourd'hui son nom. 

La base française de l'archipel de pointe géologie (Terre Adélie) porte le nom de Dumont-d’Urville (site découvert par le navigateur).Jules Sébastien César Dumont d’Urville  (Condé-sur-Noireau, 1790 ­ Meudon, 1842), navigateur français, explora les côtes de la Nouvelle-Guinée et de la Nouvelle-Zélande (1822-1825), de la Polynésie (1826-1829, à la recherche de La Pérouse), et de l’Antarctique (1837-1840).
Pour la petite histoire, il a appelé ce petit bout de côte "terre adélie" en hommage à sa femme Adèle! En souvenir, une stèle avec le buste du navigateur est installé sur la base qui porte son nom, vers l'océan et le rocher où il a débarqué (et qui porte maintenant le nom d'île du débarquement)...

Les cinq décennies qui suivent, feront l'objet de bien peu d'intérêt pour ce nouveau continent. Seuls les chasseurs de cétacés participent à la découverte des côtes, et progressivement cartographient les rivages. 
Le contour de l'Antarctique prend forme. L'idée d'une masse continentale unique est largement acceptée, mais une grande question demeure : à quoi ressemble l'intérieur ?
 

1895 - 1922 : L'âge des héros
A cette époque on assiste à l'arrivée des machines à vapeur, qui complètent utilement le gréement des voiliers. C'est aussi une période de rivalités entre l'intérêt scientifique et la passion de l'exploration pure, soutenue par des mécènes. 

• GERLACHE (en 1898), à bord de son bateau la Belgica prisonnier des glaces, passe le premier hiver en Antarctique.
• NORDENSKJÖLD (en 1902), effectue le premier voyage important en traîneau, grâce à des équipages de chiens.
• SCOTT (en 1902), réalise une percée significative sur la calotte glaciaire continentale. 
• CHARCOT (en 1904), réalise son premier voyage d'études sur les côtes de la Péninsule Antarctique. Un deuxième plus complet sera entrepris en 1908. 

• SHACKLETON (en 1908), fait une tentative vers le pôle, il abandonne à 180km du but.
• AMUNDSEN (en 1911), plante le drapeau norvégien au Pôle Sud.
• SCOTT (en 1911), arrive seulement un mois après le passage de AMUNDSEN au pôle Sud, mais son retour sera dramatique et aucun des membres de l'expédition ne reviendra.

En 1914 et 1922, SHACKLETON lance deux nouvelles expéditions. L'échec de la première fut complet, mais cette aventure reste l'une des plus grandes sagas d'endurance et de courage de l'histoire. Sa mort lors de la deuxième expédition marque la fin de " l'âge héroïque ". Le continent avait été pénétré par des hommes. Mais sa plus grande partie restait inconnue. 
 
 

1923 - à nos jours : L'ère mécanisée
SHACKLETON en 1908 et SCOTT en 1911 ont tous les deux expérimenté des engins à moteur. Mais l'arrivée de l'avion fut une véritable révolution dans les méthodes d'exploration. 

• MAWSON (en 1911) avait prévu d'emporter un avion, mais l'appareil perdit ses ailes dans un accident et fut utilisé comme tracteur.
• WILKINS (en 1928) survola pour la première fois le continent.
• BYRD (en 1929) survole le Pôle Sud , développe l'utilisation systématique de l'avion et de la photographie aérienne. Les côtes furent identifiées et cartographiées en plus grand nombre que lors de toutes les expéditions précédentes réunies. 
• ELLSWORTH (en 1935) traverse par les airs le continent Antarctique. 

A la fin de la seconde guerre mondiale, l'exploration Antarctique connut un nouvel essor. Programmes scientifiques d'envergure nationale, bases permanentes installées, dont l'une au pôle Sud même, représentent les principaux intérêts du moment. 

Les premières revendications territoriales sont intervenues en 1908. En 1959, 12 nations, dont 7 prétendantes, signèrent le Traité de l'Antarctique qui suspendait toute revendication et faisait du continent une zone de coopération scientifique internationale. 

L'Antarctique est un vaste continent - 25 fois la France - entièrement entouré par l'Océan Austral (ou océan antarctique, avec des fosses de plus de 5000 m.) . 

Détaché du super-continent " GONDWANA " il y a près de 140 millions d'années, le continent Antarctique est centré sur le pôle Sud et se présente en deux parties : 

• La partie orientale formée d'un grand plateau d'environ 10 millions de km2 , anciennement mitoyen à l'Australie.
• La partie occidentale qui apparaît comme le prolongement de la Cordillère des Andes, appelée aujourd'hui Péninsule Antarctique.

Ces deux volumes sont séparés par la chaîne des Monts Transantarctiques longue de 2500 km. 

Le continent Antarctique est situé à : 

• 1000 km de l'Amérique du Sud
• 2500 km de l'Australie
• 4000 km de l'Afrique du Sud 

La quasi totalité du continent est recouverte d'une calotte glaciaire d'une épaisseur pouvant dépasser les 4500 mètres. Elle constitue la plus grande réserve d'eau douce au monde (90% des réserves mondiales). 

La Terre Adélie est la "région" française de l’Antarctique. A 2500 km de la Tasmanie; sa superficie est de 388500 km². C’est un vaste bouclier de roches anciennes recouvertes de glace. ­ Cette terre, découverte par Dumont d’Urville en 1840, "revendiquée" française depuis 1924, n’est occupée que par des équipes scientifiques étudiant le milieu polaire (notamment sur les bases Dumont D'Urville et de Dôme C).
 

Les températures

Les températures demeurent en permanence très froides en raison de la couverture neigeuse qui renvoie en moyenne 80% des radiations solaires (contre 35% pour les terres privées de neige).
 

Le record mondial absolu de froid est de - 89 °C à la base de Vostok.

Le continent Antarctique joue ainsi dans le climat mondial un rôle d'importance, régi par les mouvements et les échanges entre l'océan et l'atmosphère. Ces phénomènes sont de véritables redistributeurs d'énergie entre les tropiques et les pôles. Le processus de cette redistribution n'est encore que partiellement connu. 
Les dépressions

Généralement, les dépressions naissent sur le pourtour du continent Austral et meurent en atteignant les côtes Antarctique. Les dépressions maintiennent donc un anneau de basses pressions tout autour du continent, vers une latitude de 60° sud, appelé " Auge Barométrique Antarctique ". 

Les vents catabatiques (air froid proche de la surface et descendant par gravité de la calotte glacée vers les côtes) et le blizzard ont souvent un caractère soudain. Ils sont à craindre en tout lieu, bien que la plate-forme centrale du continent soit la plus exposée. 
Le record mondial absolu de vitesse d'une rafale de vent est de 322km/h à la base de Dumont D'Urville.

Les précipitations

Sur le continent Antarctique, l'accumulation annuelle moyenne de neige est inférieure à l'équivalent de 50 mm d'eau. Cette quantité est comparable à celle que reçoit le Sahara. Les précipitations sont toutefois plus abondantes sur les côtes et notamment sur l'Ouest de la Péninsule.. 
La couche d'ozone

Dans les années 1980, les scientifiques ont remarqué que l'ozone se raréfiait avec une rapidité alarmante au dessus du continent Antarctique. Au cours du printemps 1987, un " trou " record est apparu dans la couche d'ozone qui a donné lieu à une prise de conscience générale.

Aujourd'hui, de nombreuses études sont menées sur la couche d'ozone. L'Antarctique est un lieu prépondérant pour son observation.

L'océan Austral

L'océan Austral ou Antarctique borde tout le pourtour du continent Antarctique et est délimité à ses extrémités Nord par l'océan Atlantique, l'océan Indien et l'océan Pacifique. La frontière biologique entre ces océans et la zone Antarctique s'appelle la " Convergence " Antarctique. 
Les courants océaniques

Les courants océaniques éloignent les eaux froides de l'Antarctique et les remplacent par des eaux plus chaudes. En hiver, de l'eau douce se forme dans la banquise à partir de l'eau de mer, et une eau froide, dense et salée, s'accumule sous la glace, puis s'enfonce et glisse le long du talus continental. 

En été, la banquise fond, une couche d'eau moins salée se répand à la surface de la mer et dérive vers le nord jusqu'aux eaux chaudes à la " Convergence " Antarctique. Un courant vers le sud apporte des eaux plus tempérées. 
La banquise

En hiver, la surface de la banquise dépasse celle du continent, soit 19 millions de km2.

En plein été austral (février), la banquise ne représente qu'une fine ceinture de glace de seulement quelques dizaines de kilomètres autour du continent. Plus conséquentes sont les " plates-formes " glaciaires s'avançant dans l'océan, notamment dans les mers de Wedell et Ross. Ces " plates-formes " glaciaires sont alimentées par les glaciers continentaux. 

Les côtes libres des glaces durant la belle saison sont rares : côte Ouest de la péninsule et en fonction des années : détroit de Mac-Murdo, côte Adélie... 

Morceaux massifs de la calotte Antarctique, les icebergs peuvent atteindre des tailles énormes. L'un d'eux est actuellement suivi par le satellite LANDSAT. Sa structure tabulaire à une dimension comparable à celle de la Corse. Son déplacement est très lent, s'échouant parfois au fond de la mer. 

Les icebergs tabulaires représentent peu de dangers pour la navigation d'aujourd'hui, un radar embarqué ou des photographies satellite peuvent parfaitement les détecter. Le risque subsiste face aux Growlers, minuscules morceaux d'iceberg mesurant quelques m3, mais qui suffisent à déchirer la proue d'un bateau. Le 1/5 de leur volume qui dépasse des flots est trop petit pour être détecté par un radar. Un sondeur d'étrave est alors nécessaire. 

Malgré le froid persistant, des formes de vies primitives sont adaptées à ces conditions précaires. 

Sur le continent, quelques animaux terrestres microscopiques survivent dans les rares endroits où l'environnement est légèrement plus favorable qu'ailleurs. Quant aux plantes, ce sont surtout des mousses et des lichens.

Autour du continent et en été, on rencontre de nombreuses espèces d'oiseaux et de phoques, mais seul le manchot Empereur y demeure tout au long de la nuit polaire.

Le Krill est l'espèce clé de l'écosystème. Cette population de petits crustacés se nourrit du phytoplancton ou algues microscopiques. Le Krill est la base alimentaire des baleines, manchots et phoques. 

Ainsi, la vie en Antarctique est possible grâce à l'océan Austral et à ses richesses nutritives.